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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/65

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DU VOIR-DIT.

De maladie & de léece,[1]
Et de penfée ſans triſtece ;
Pour ce qu’avoie ſans demour
Donné cuer & corps & amour
À ma dame, & ſans retollir.
Si me commençay à polir,
À cointoier, à regarder,
Pour moy d’or en avant garder
De villonnie & de meffait.
Car, par Dieu, cilz qui ce ne fait, [App. VI.]
N’eſt pas dignes d’avoir amie.
S’oubliay mes maus en partie ;
Car Douls-penſers adouciſſoit
Mes douleurs & les gariſſoit,
Sans avoir d’elle la véue.
Onques ne l’avoie véue ;
Mais Souvenirs la figuroit
En mon cuer, & m’aſſeuroit
Que ſa bonne grâce acquerroie,
Et que par li garis ſeroie.
Si ne penſoie qu’à cointiſe,
À léeſce & à mignotiſe.
Ainſi ſui-je fais amoureus,
Par ces dous penſers ſavoureus.

Mais ainſi com j’eſtoie là,[2]
J’oÿ un homme qui parla,
Et qui forment me demandoit ;
Qu’à parler à moy entendoit.

  1. Il étoit encore un peu malade, comme on a vu plus haut.
  2. Un certain eſpace de temps, — un mois, deux mois peut-être, — ſépara le premier meſſage du ſecond.