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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/67

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DU VOIR-DIT.

« Souvent, par deſſouz la mamelle,
« Pour vous qu’elle aime chierement ;
« Et, ſe ſa douce chiere ment,[1]
« Jamais dame qui amera,
« Bien ne loyauté ne fera.
« Car c’eſt la flour de tout le monde ;
« Brief, tous li biens en li habunde. »

Quant je l’oÿ, jé me ſeignay,
Et mon cuer en joie baignay ;
Et vi bien que pas n’eſtoit ſonge
Le dit de l’autre, ne menſonge.
Après, la lettre me donna,
Et moult à moy l’abandonna ;
Je l’ouvri & la pris à lire,
Et commençay de joie à rire,
Pour ce que le commencement
Encommençoit trop doucement :

RONDEL.

Pour vivre en joieuſe vie,
J’ay mis mon cuer en amer
Le meilleur qu’on puiſt trouver ;
Si n’ay fait point de folie,
Nuls ne m’en devroit blaſmer.
Pour vivre en joieuſe vie,
J’ay mis mon cuer en amer.

Et quant jueneſce m’en prie,
Qu’Amours le vuet commander,
Je ne m’en dois deſcorder.
Pour vivre en joieuſe vie,

  1. Et ſi ſon doux viſage eſt trompeur.