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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/73

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DU VOIR-DIT.

loenge, choſe dont il ſera bon mémoire. Et ſi, vous jure & promet, que à mon povoir onques Lancelos n’aima Genevre, Paris Helaine, ne Triſtan Iſeult plus léaument que vous ſerez de moi amée & ſervie, & ſans départir ; car je vous ameray & obéiray, doubteray, ſerviray tant com je vivray, & de cuer loiaument garderay, celeray ; & quant je mourray, mon cuer vous lairay & envoieray ; c’iert mon teſtament. Les .ij. choſes que vous m’avés envoiées ſont tres-bien faites à mon gré : mais ſe j’eſtoie .j. jour avec vous, je vous diroie & apenroie ce que je n’apris onques à créature ; par quoy vous les feriés mieus. Ma tres-chiere & ſouveraine dame, je vous envole .j. Rondelet noté, que j’ay fait nouvellement pour l’amour de vous. Je vous ſuppli humblement que vous me vueilliez mander voſtre bon eſtat, & quant vous partirés de là ou vous eſtes, car trop le deſire à ſavoir ; & leſquels vous volez de mes livres : ſi les feray tantoſt eſcrire. Et ſe je vous eſcris trop longuement, ſi le me pardonnés, car de l’abondance du cuer la bouche parole ; ne je ne puis mon cuer ſaouler de penſer à vous & de parler de vous à moi ſeul. Ma tres-chiere & ſouveraine dame, je prie à Dieu qu’il vous doinſt tele joie & tele honneur de vous & de quanque voſtres cuers aime, comme vous meiſmes le vouriés avoir & comme mes cuers le deſire.

Voſtre plus loial ami.


Ceſte reſponſe li baillay,
Et ſes journées li taillay ;[1]
Et li dis : « Dous amis, par m’ame,
« Vous en alez devers ma dame ;
« Et je n’i puis venir, n’aler,
« Ne je ne puis à li parler.

  1. Je lui tins compte de ſes journées de voyage.