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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/75

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DU VOIR-DIT.

Et moult parfondement plouray,
Quant de moi ſe voloit partir ;
Et croy qu’il éuſt fait partir
Mon dolent cuer & ſans attente,
Pour ma tres-douce dame gente,
Se ce ne fuſt douce Eſperance
Qui m’affermoit que ſans doubtance
Elle m’amoit de cuer parfait,
Par dit, par penſée, & par fait.
Si que là me reconfortoie
De tous les maus que je ſentoie.
Mais ſi toſt ne ſe parti mie,[1]
Qu’à ma douce dame jolie,
Ces .ij. balades n’envoiaſſe,
Et que le chant ne li chantaſſe :
Par quoy, de par moi, li déiſt,
Pour Dieu, qu’elle les apréiſt.
Car trop fort les amenderoit,[2]
Au cas qu’elle les chanteroit.

Bien & longuement m’entendi,
Et puis après me reſpondi
Qu’il ne pooit ſi toſt aler
Vers ma dame, n’à li parler.
Helas dolens ! & je cuidoie
Qu’il alaſt vers li droite voie !
Si demouray tous eſgarés,
Ainſi com après le ſarés :
Car je fui .ij. mois tous entiers

  1. Il ſemble qu’il eût fallu : ne ſe partiſt mie. « Mais que le meſſager ne partît pas avant… »
  2. Elle les feroit mieux valoir.