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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/77

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DU VOIR-DIT.

Bonnes gens, ainſi me chevy
Qu’aveuc ces meſchiés r’enchéy.[1]
Là cuiday bien faire ma fin :
Mais j’amoie de cuer ſi fin
Et d’une amour ſi affinée
Toute-belle, la bien amée,
Qu’autre que li ne regretoie,
Ne riens fors li ne ſouhaitoie.
Si que je fis mon teſtament
Et le commençay telement,
Et à ma dame l’envoiay
Par un varlet que je trouvay.[2]

BALADE. et y a chant.[App. X.]

Pleurés, dames, pleurés voſtre ſervant,
Qui ay, tous dis, mis mon cuer & m’entente
Corps & penſers & deſirs, en ſervant
L’onneur de vous que Dieus gart & augmente !
Veſtés-vous de noir pour mi,
Car j’ay cuer taint & viaire palli,
Et ſi me voy de mort en aventure,
Se Dieus & vous ne me prenés en cure.

Mon cuer vous lais & met en vo commant,
Et l’ame à Dieu devotement preſente,
Et voiſt où doit aler le remenant ![3]
La char aus vers, car c’eſt leur droite rente,
Et l’avoirs ſoit departi
Aus povres gens. Hélas ! en ce parti,

  1. J’eus une rechute.
  2. Il y a grande apparence que Machaut avoit compoſé ce Teſtament pendant le cours de ſa maladie, & avant d’avoir reçu le premier meſſage de la demoiſelle.
  3. Et que le corps aille où il doit aller.