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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/95

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DU VOIR-DIT.

Bien abilliés & bien montés,
Et d’eſperance ſourmontés
Qu’aroie ce que deſiroie.
Du véoir trop me defrioie ;[1]
Si montay ſur ma haguenée
Groſſe & graſſe & bien repoſée :
Si m’en alay parmi les champs,
Pour oÿr des oiſiaus les chans,
Et pour avoir l’air ; car ſans fable,
Choſe m’eſtoit moult profitable :
Et auſſi pour moi eſſaier
Se je porroie chevauchier.

Ce fu tout droit au mois d’avril,
Que cil oiſillon en l’abril[2]
Font leurs amoureuſes tençons,
Leurs dous hoqués & leurs chanſons.
Si me mis delez un aunoy,[3]
Mais onques deduit ſi biau n’oy
Comme de ces dous oiſelés.
Là eſtoit li roſſignolés
Qui ſur tous ſe faiſoit oÿr,
Dont moult fiſt mon cuer resjoÿr.
En ma vie deduit n’os tel ;
Mais je m’en revins à l’oſtel,
Pour le chaut qui jà la rouſée
Abatoit qui eſtoit levée.
Si prins à penſer durement
À ma dame à qui bonnement

  1. Je n’avois plus le friſſon. Ce mot n’eſt pas dans les gloſſaires.
  2. Abril, ou abri. Couvert des arbres.
  3. Lieu planté d’aunes.