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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/97

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DU VOIR-DIT.

Qu’elle me puet de ſi loing poindre,
Sans ce qu’onques je la véyſſe,
Ne que ſon dous parler oÿſſe ?
On y puet aſſez bien reſpondre :
Amours ſe ſcet mettre & repondre,[1]
Et de ce ne fai-je pas doubte,
En tel, qui onques ne vit goute,
Ne qui jà goute ne verra.
Mais tant de ſa dame enquerra
Et de ſa bonne renommée,
Qu’elle ſera de li amée ;
Qu’Amours, qui eſt ſage & ſubtive,
Com uns charbons en li s’avive,
Et touſdis s’i avivera ;
Si que, tant comme il vivera,
Sera ſes ſers & ſes rentiers,
Et ſes loiaus amis entiers.
Si, m’eſt avis qu’il fait plus fort
Que je ne fais, s’il aime fort.
Car je vis en tres-dous eſpoir
De véoir ma dame, & s’eſpoir
Qu’elle me fera bonne chiere,
Et ne me ſera pas trop chiere.

Mais s’elle li faiſoit la moe,
Elle n’en donroit une aloe ;[2]
Car jà ne s’en percevera :

  1. Repondre, repoſer.
  2. Il ſemble qu’il faudroit :

    Il n’en donneroit une aloe.

    C’eſt-à-dire : il ne s’en inquiéteroit pas.