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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/99

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[vers 1122]
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DU VOIR-DIT.

« Savés-vous qui ? voſtre dame eſt,[1]
« Qui vous ſalue mille fois.
« Je ſuis de la conté de Fois,[2]
« Et m’en vois tout droit en Lorraine :
« Ci revenray l’autre ſemaine ;
« Et, s’il vous plaiſt, vous reſcrirés,
« Si feray ce que vous dirés. »
Je di : « Volentiers reſcriray,
« Et ma volenté vous diray. »
À moy priſt congié, je à lui.
La lettre prins & ſi la lui ;
Et vez-là cy, de mot à mot,
Ainſi comme baillié la m’ot.


V. — Tres-chiers & dous amis, j’ay receu vos lettres dès le juedi devant Noel, de quoy je vous mercy de tout mon cuer. Car, par ma foy, je n’eus, longtemps a, ſi grant joie comme je eus à l’eure que je les receus ; tant pour ce que j’avoie grant deſir de ſavoir nouvelles de voſtre bon eſtat, & auſſi pour ce que vous m’avés eſcript que ce petit de choſe que je vous ay envoié vous a donné ſanté & joie ; car certainement plus grant joie ne me porroit avenir comme de faire choſe qui vous donnaſt ſanté & léeſce. Et ſe vous prenés grant plaiſir à veoir & à tenir ce que je vous ay envoié, je cuide certainement que je le pren plus grant à veoir ce que vous m’avez envoié ; que, par ma foy, il ne fu jour, depuis que je les receus, que je ne les baiſaſſe deuz ou trois fois, tout du mains. Et auſſi vos .ii. balades & celle qui eſt notée ay-je tant fait que je les ſaray par temps. Et pour tant que vous m’avez eſcript qu’elle eſt de voſtre eſtat,

  1. Savez-vous qui vous tranſmet cela ? — Votre dame, qui…
  2. Il ſemble ainſi faire entendre que la demoiſelle étoit alors dans le comté de Foix. Mais il y a grande apparence que Machaut, fidèle aux recommandations de ſa maîtreſſe, veut ici déjouer toutes les inductions