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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/111

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VIII

le tombeau du rossignol

Almazan ne pouvait pas dormir. Toutes les fois qu’il fermait les paupières et qu’il commençait à sommeiller il lui semblait qu’un être sans forme matérielle mais chaud, nu, mouvant, animé, audacieux, le couvrait, l’enveloppait de caresses, le baignait d’haleines vivantes.

Il tendait les mains et il se rendait bien compte qu’il n’y avait pas de corps auprès de lui. Ce qu’il éprouvait était une sensation de contact qui n’était pas localisé et allait au delà du toucher, de la racine de ses cheveux à la pointe de ses pieds.

Dressé sur son séant, il aspira avec force, croyant sentir dans la chambre un parfum étranger. Ce n’était aucune de ces essences dont la fabrication rendait Grenade célèbre, ce n’était ni la rose de Bagdad ni cet aloès de Constantinople dont on disait le secret perdu depuis que les Turcs en entrant dans cette ville en avaient massacré les maîtres parfumeurs.