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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/13

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LA LUXURE DE GRENADE

porte, quelqu’un qui pour l’épier était venu, à travers la nuit, par les rues de Séville.

Doucement, il traversa le vestibule et il crut distinguer un froissement sur le bois, comme si une main cherchait à tâtons le marteau de bronze pour le soulever.

Il attendit, mais le marteau ne résonna pas. Un silence absolu suivit. Almazan se rapprocha encore de la porte. Il écouta avec toutes les forces de son attention, mais il ne savait pas s’il entendait le souffle d’une respiration haletante ou si c’était son imagination qui lui faisait croire qu’on respirait tout près de lui.

Il avait collé son oreille à la serrure. Il n’y tenait plus. De toutes ses forces, il cria :

— Qui est là ?

Personne ne répondit. Assurément un voleur venant s’assurer de la solitude de sa maison ou un espion du Saint Office se seraient enfuis à cet appel. Il aurait entendu des pas sur le quai. Un homme malade ou blessé désireux d’avoir ses soins aurait frappé et crié.

Toutes les forces de son attention étaient en éveil. La crainte avait fait place dans son âme à une curiosité passionnée. Le danger, s’il y en avait un, était d’ordre humain et ne l’effrayait pas. Une arme était inutile. Il avait confiance en sa force. Lentement il tourna la clef de la porte. Il écouta encore. Mais cette fois le silence lui parut absolu. Plus le moindre souffle.

Alors il appuya sur le loquet et il entr’ouvrit la porte. Une poussée légère se fit sentir, comme si