Aller au contenu

Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
LA LUXURE DE GRENADE

quelqu’un s’efforçait de faire tourner plus vite le battant. Almazan le maintint une seconde puis il se décida à ouvrir brusquement.

— C’est inutile de pousser, vous voyez bien que j’ouvre, commençait-il à dire.

Mais à ce moment, il eut la vision d’une face blanchâtre et contorsionnée, avec des yeux démesurément ouverts et dont on ne voyait que le blanc, avec une bouche agrandie et tirée à droite jusqu’à l’oreille de façon grotesque comme par une gaîté monstrueuse, d’une face de céruse ou de craie singulièrement tachetée de plaques grises. Il n’eut pas le temps de s’étonner de cette spectrale apparition. Le porteur de l’effrayant visage livide qui était un homme de haute taille se laissa tomber sur lui de tout son poids.

Almazan étendit d’instinct les deux bras en avant et il saisit l’inconnu par le cou. Mais il n’eut pas à lutter. L’homme s’affaissa lourdement comme si ses pieds étaient de plomb et l’attiraient en bas. Almazan le contempla avec stupéfaction allongé sur les mosaïques du vestibule. Des tics parcouraient encore ses traits révulsés. Sa bouche s’étira démesurément et remonta presque jusqu’à ses yeux. L’expression du rire devint démoniaque et s’immobilisa.

Almazan mit la main sur son cœur et s’assura qu’il était mort.

Il referma la porte. Il souleva le corps étendu et le traîna à travers le patio jusqu’à la chambre étaient ses livres. Il médita profondément.

Il venait de reconnaître l’homme qui avait dû expirer derrière sa porte, à la seconde même où il