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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/133

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LA LUXURE DE GRENADE

ralda de Séville et Jacub Almanzor le transporta à Grenade où il demeura.

C’était lui qui donnait la protection, qui assurait l’immortalité à la race. Le peuple Maure pouvait dormir en paix. Il y avait quelque part sous la colline de l’Alhambra, une lumière cachée qui était son génie.

Or, Isabelle l’Espagnole, ayant entendu conter ces histoires, se mit dans la tête de posséder le trésor et de tenir entre ses mains chrétiennes le talisman des anciens rois.

Le combat des deux femmes avait jeté Abul Hacen dans une grande perplexité. Il redoutait son fils qu’il savait possédé par l’amour de trahir. Il redoutait les partisans qu’Aïxa avait su grouper. D’autre part, Isabelle lui avait juré qu’elle ne serait plus à lui tant qu’elle ne serait pas vengée et elle tenait parole.

— Je les ferai enfermer ensemble jusqu’à ce qu’elles soient réconciliées, dit Abul Hacen à plusieurs reprises.

Mais il se rendait chaque soir devant la porte d’Isabelle et il la trouvait fermée à clef.

— J’ai peur d’être assassinée pendant la nuit, disait Isabelle le lendemain. Ceux qui viendraient ne manqueraient pas d’imiter ta voix.

Et elle feignait une grande terreur.

Un matin, il la trouva souriante et alanguie dans une salle qui donnait sur la cour des Myrtes.

— Je ne peux pas me passer de toi, dit-elle avec un élan plein de désir. Et pourtant il m’est impossible