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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/134

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LA LUXURE DE GRENADE

de me donner à un homme qui me refuse la moindre preuve d’amour.

Il sentit venir quelque demande difficile à réaliser et il resta muet.

— Je te pardonnerai ta faiblesse si tu me montres ton trésor.

— Quel trésor ?

Elle frappa du pied le sol et prit un air plus puéril qu’à l’ordinaire.

— Celui qui est caché là, sous l’Alhambra. Il paraît que tu es seul à savoir où il se trouve.

Les sourcils d’Abul Hacen se froncèrent et il s’éloigna sans prononcer une parole.

Il revint quelques heures après. Elle était étendue sur un divan, vêtue seulement d’une tunique de soie transparente. Il tremblait de désir contenu.

Dès qu’elle aperçut sa silhouette dans l’encadrement de la porte ovale, elle se leva, prit familièrement son bras et elle lui fit faire quelques pas en l’entraînant et en ébauchant un pas de zambra, tout en lui murmurant à demi voix :

— Mon maître bien-aimé est venu me chercher pour me conduire vers mon trésor. Nous allons aller tous les deux nous coucher au milieu des pierres précieuses.

Il allait la repousser violemment, rendu furieux par cette obstination. Mais sans souci de son humeur, elle se collait à lui et elle chantonnait le refrain d’une ancienne romance arabe.

Dans le trésor de l’Alhambra — il y a les larmes de nos aïeux — qui sont devenues des perles mates.

Alors il la considéra. Elle était menue, inoffensive,