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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/135

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LA LUXURE DE GRENADE

elle parlait comme en rêve et entre ses paupières qui battaient luisait un or tel qu’aucun trésor n’en pouvait contenir d’aussi pur. Il voyait sous la soie l’ondulation légère de ses seins et le duvet d’or qui descendait bas sur sa nuque et dont le parfum ambré l’affolait.

La vie était si rapide ! Chaque jour qui passait emportait un lambeau de sa force. Il fallait bien qu’il se l’avouât, il avait des troubles de la vue et quelquefois de singulières pertes de mémoire. Il viendrait un moment où la jouissance s’éloignerait de lui, comme le dernier rayon du soleil qui passe d’une montagne à l’autre, au moment de disparaître. Puis, est-ce qu’Isabelle n’avait pas parlé de se coucher au milieu des pierres précieuses ? Ah ! quel lit était assez magnifique pour cette créature qu’Allah avait envoyée vers lui ?

— Eh bien ! soit ! dit-il. Viens avec moi. Je vais te montrer le trésor. Seulement, à ton tour…

Il n’acheva pas. Elle approuvait en battant des mains.

Ils franchirent des salles et des cours. Ils entrèrent dans l’Osario qui était entouré d’une haute muraille. C’était le tombeau des rois. Ali le muet se tenait là, quand il n’accompagnait pas son maître.

— Voilà le seul homme qui me soit fidèle, dit Abul Hacen.

Cet homme s’était levé d’un bond et il précéda l’Émir dans un escalier, fermé par une porte énorme qu’il ouvrit.

Tous trois descendirent et arrivèrent dans une salle souterraine où des torches de résine étaient fixées