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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/137

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LA LUXURE DE GRENADE

— L’effort de l’homme. Il tente perpétuellement de saisir la clef du mystère, toujours fuyante.

Et cette porte de bronze, à l’extrémité de cet humide escalier de pierre, était triste, muette, fatale comme les puissances souterraines qu’elle enfermait.

Abul Hacen eut un regard d’hésitation. Si Isabelle avait montré la moindre crainte de l’ombre et de la solitude du lieu, il serait volontiers revenu en arrière.

Mais elle frissonnait, délicieusement caressée par la fraîcheur, elle respirait avec force. Elle heurta le bronze de la main.

— Ouvre vite, dit-elle. Je veux voir.

Elle ne sentait pas la majesté de ce fabuleux trésor, enfoui sous un palais, comme les vertèbres de la race qui vivait au-dessus de lui.

Abul Hacen ouvrit la porte et souleva la torche.

Ce qu’Isabelle vit d’abord était confus, multiforme, ténébreux, menaçant. La salle dans laquelle elle venait de pénétrer était vaste au point qu’elle n’en distinguait pas les extrémités et les murs étaient entièrement tapissés d’objets dont il était impossible de reconnaître l’usage.

Pendant qu’Abul Hacen accrochait la torche à un grappin placé près de l’entrée, Isabelle perçut de grandes masses de métal qui devaient être des armures, des coffres qui faisaient des ombres, des cruches alignées et tout à coup une fluidité d’or tomba de tous les côtés, un miroitement précieux qui, avec la lumière de la torche, s’immobilisa comme une nappe. Et il lui sembla qu’elle était dans un bain de choses dorées.