Aller au contenu

Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
LA LUXURE DE GRENADE

Alors elle regarda et elle ne put retenir un cri d’admiration.

Le sol était recouvert de nattes de Samanah et de Beneseh. Il y avait une copie en or massif, haute d’un pied, du pavillon des ablutions du Khalife El Mamoun, avec sa coupole copte incrustée de diamants. Il y avait un palmier dont les feuilles étaient des bijoux représentant des dattes à tous les degrés de maturité. Il y avait des bassins et des aiguières en cristal, des gazelles blanches dont le ventre était tissé de perles, des tables de faïence, d’argent, ou d’ébène du pays des Zindjes, supportant des plateaux d’ivoire ou de santal, des coupes d’agate et de jade où s’étalaient des pierreries rayonnantes et des morceaux de diamant brut. Dans un coin il y avait un amas de plats d’émail et des boîtes en bois précieux doublées de soie. Dans un autre, c’était une superposition d’échiquiers et de damiers dont chaque pion était une merveille de matière et un chef-d’œuvre de travail. On voyait des armes luire, dont l’une était la fameuse épée Dhoul-Fikar, l’autre le bouclier d’Amrou avec le nom d’Allah écrit en sept écritures différentes. Des étendards, tellement lourds de broderies qu’il aurait fallu plusieurs hommes pour en soulever un seul, faisaient une pyramide jusqu’au plafond. Un vase d’ambre de Chahar débordait de camphre du Kaisour et un autre en cornaline était rempli d’agrafes d’or sculptées. Une caisse devait contenir au moins sept mudds d’émeraudes et une autre au moins autant de rubis et certaines parties du sol étaient jonchées de dinars d’or qui craquaient sourdement quand on y marchait.