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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/139

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LA LUXURE DE GRENADE

Les cristaux miroitaient, les rubis saignaient, les diamants fulguraient et de grands miroirs placés sur les murs ou appuyés aux coffres, réverbéraient ces clartés comme autant d’étoiles, en sorte qu’Isabelle crut passer à travers une voie lactée souterraine, pleine de transparences et d’illusions lumineuses.

— Tout cela est à toi ! s’exclama-t-elle.

Et elle remua les émeraudes, elle fit tomber entre ses doigts des perles en cascade.

— Tu prendras ce que tu voudras, murmura Abul Hacen. Rappelle-toi ce que tu m’as promis.

Et il s’approcha d’elle. Ses traits étaient tirés, ses lèvres tremblantes. Il la prit par les reins et voulut la renverser. Mais elle lui échappa. Elle ne pouvait se lasser de toucher des soies, d’admirer des cristaux.

— Quelle promesse ? interrogea-t-elle d’une voix lointaine.

Il tenta de la ressaisir brusquement et de l’embrasser sur les lèvres, dans l’espoir d’éveiller chez elle un désir. Elle le comprit et faillit rire de la folie de cet espoir. Elle glissa encore entre ses mains.

— Non, dit-elle. Tiens toi-même ta promesse.

Elle voulait voir et toucher ce que nul homme n’avait vu, le talisman divin qui donnait la puissance, la colonne mystérieuse qui avait soutenu l’édifice de la race arabe.

Abul Hacen frémit. Quel était cet enfantillage ? Elle croyait à une légende puérile. Il n’y avait rien autre que le trésor qu’il venait de lui révéler.

Et il se mit à la poursuivre parmi les coffres de bijoux et les vases précieux. Elle lui jota une poignée