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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/146

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LA LUXURE DE GRENADE

je fais brûler du musc avec les racines de la plante Gazan, qui croît, paraît-il, dans le Caucase et qu’une vieille femme m’a procurée.

Elle étendit ses mains au-dessus de la cassolette et elle le regarda à la dérobée.

— Connais-tu les effets de la plante Gazan ?

Il ne les connaissait pas.

— J’oubliais que je pourrais te scandaliser en en parlant. Il paraît que tu es perpétuellement plongé dans tes livres et que, seule, la science t’intéresse.

Almazan répondit qu’il s’efforçait de s’intéresser à ce qu’il voyait. L’idéal était de découvrir la beauté qu’il y avait en tout.

L’idéal ! Elle se mit à rire.

— Tiens ! Veux-tu des gingembres confites ou des neideh, ou un peu de cette liqueur d’orge torréfié que l’on boit dans ce pays et que je trouve si mauvaise. Mon idéal serait de m’amuser. N’y a-t-il pas un secret pour cela dans les livres ?

— Chacun a le secret de son plaisir dans sa faculté de désirer, dit-il.

Elle se renversa au milieu des coussins en riant encore.

— Alors, je dois être infiniment heureuse.

Puis elle se pencha vers lui, accoudée tenant son menton dans la main et le regardant fixement.

— Tu ne sais pas ce que je désire ?

— Comment pourrais-je le savoir ?

— Je voudrais, comme tu l’as fait à Séville, que tu me portes entre tes bras dans un escalier qui n’en finirait plus.

Les gouttes d’or de ses yeux s’étaient ternies entre