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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/169

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LA LUXURE DE GRENADE

de la créature aux yeux d’or, et cette porte inviolable, cette muraille haute jusqu’aux étoiles étaient taillées dans le marbre et l’acier de son amour.

Cependant il était bien obligé de se rappeler que le jour où il était revenu de Zahara, elle avait des yeux étrangement battus et il avait remarqué des bleus sur ses cuisses comme si des mains les avaient serrées fortement. Il lui en avait demandé la cause et elle lui avait répondu qu’elle s’était heurtée par mégarde en marchant parmi l’obscurité de sa chambre. Mais le caractère symétrique de ces bleus, comment l’expliquer ? Un double choc était impossible ! Terre et ciel ! Il n’y avait pas doute ! C’étaient les doigts du jeune Almoradi Tarfé qui avaient ouvert le fruit délicieux où il buvait le suc de son ultime jeunesse.

Les vieillards du Meschouar et les chefs des grandes familles l’attendaient dans la salle des ambassadeurs pour les décisions relatives à la levée des troupes. Dans une autre salle, il y avait les six Walis des provinces et les vingt-quatre Wazirs des districts qui avaient besoin d’ordres précis pour la défense des frontières. Sur la place des Aljibes, Daoud, l’Émir de la mer, marchait de long en large à côté de son cheval sellé. Il comptait partir sur-le-champ pour Almeria avec la mission de s’y embarquer et de conduire les navires Mauresques contre les ports Espagnols. L’attaque brusquée dont le plan était résumé sur un parchemin qu’il tenait dans la main pouvait avoir d’incalculables résultats à la condition qu’elle soit exécutée sans délai.

Il s’agissait bien de cela !