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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/177

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LA LUXURE DE GRENADE

Le bras d’Ali était retombé le long de son corps et son visage essayait de redevenir impassible.

C’est bien ! Il pouvait se retirer. Tarfé ne pénétrerait pas dans l’Alhambra avant de s’être informé du danger qui le menaçait. Le salut vient souvent d’un inconnu qui s’en va sans récompense et qu’on ne doit plus revoir.

Quand Tarfé arriva à cheval dans la rue qui va du Darro à la porte de la Loi, il vit un rassemblement où se trouvaient plusieurs Almoradis. Au milieu de ce groupe un jeune homme d’une quinzaine d’années qui avait les lèvres peintes et le visage maquillé parlait avec animation, levant une main délicate dont les ongles étaient recouverts de carmin et qui serrait une branche d’oranger.

Tarfé reconnut dans ce jeune homme le jeune Abdallah, l’amant de son cousin, Abu-Saïd, le débauché.

Quand Abu-Saïd, mandé comme les autres Almoradis par Abul Hacen, était arrivé à la porte de la cour des Lions, il avait déclaré aux gardes qu’il ne se séparait jamais de l’adolescent au beau visage dont il était accompagné. Négligemment appuyé sur son épaule, il s’était promené de long en large dans la cour, attendant son tour d’être reçu. Au moment où on l’avait appelé, il avait cueilli une branche d’oranger et il l’avait remise au jeune Abdallah avec la tendresse qu’aurait apportée un autre homme pour faire présent d’une fleur à une femme.