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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/199

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LA LUXURE DE GRENADE

des bras qui balayaient l’air, qui la frôlaient, qui l’agrippaient, la lâchaient et la reprenaient. Une poignée de ses cheveux lui fut arrachée avec un bruit d’étincelles qui pétillent ; elle tomba, se releva et finit par s’aplatir contre la muraille où elle demeura immobile.

Elle entendit les halètements des trois hommes, leurs injures et l’un d’eux eut, tout à coup, un grondement de satisfaction :

— J’ai mon briquet, disait-il, pendant que les autres répétaient :

— Vite ! Vite !

Dans ce même instant, la main de Khadidja rencontra sur la paroi du mur le loquet d’une porte. Elle avait bien aperçu cette porte quand elle avait jeté un premier regard circulaire sur la pièce, mais elle en avait perdu la direction. Du reste, elle était sans doute fermée.

Elle ne l’était pas. En même temps que le briquet, avec sa petite étoile de lumière, éclairait trois visages épouvantables, la porte s’ouvrit et Khadidja s’enfuit.

Elle avait quelques secondes d’avance, pas plus, car les trois frères se précipitaient sur ses traces, mais un inconcevable élan poussait sa forme légère. Elle traversa une pièce, descendit un escalier, courut sur des dalles sonores qui devaient être celles d’un vestibule, passa sans la voir à côté d’une porte qui donnait sur un jardin, remonta un escalier que la lune emplissait de délicieuses tonalités et tomba presque dans une salle éclairée où un homme était debout…