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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/218

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LA LUXURE DE GRENADE

Isabelle redescendit dans le jardin. Elle cherchait vainement le mot de l’énigme. Elle leva les yeux au ciel et elle aperçut sur la balustrade de la terrasse, dans la masse violette que faisait la glycine, un mandarin chinois qui la regardait, à quatre pattes et qui se mit à jacasser et à gesticuler. C’était le singe qui était revêtu de son costume du dernier ballet.

Isabelle fit un geste et, comme s’il s’envolait, il gagna un eucalyptus qui épandait ses branches d’argent au-dessus du jardin et des terrasses rouges de l’Alhambra.

Les esclaves et les eunuques commencèrent à rire bruyamment et c’est à ce moment qu’Abul Hacen parut.

Le visage de l’Émir était grave.

Il y avait longtemps qu’il avait du remords d’avoir laissé entre les mains d’une femme l’inestimable héritage de ses aïeux. C’est vrai, son esprit positif lui faisait penser qu’il valait mieux mettre sa confiance dans le nombre de ses soldats et la solidité de ses alliances que dans la puissance d’un talisman. Mais est-ce qu’il n’y a pas des forces inconnues ? Beaucoup d’hommes sensés croient à la magie et Allah manifeste ses desseins comme il lui plaît.

Énorme serait cette magie-là ! Il n’en était pas moins vrai qu’il venait de donner audience à un derviche venu de la Mecque dont le vœu de toute la vie était de réciter sa prière devant l’antique talisman des Arabes. Ce derviche n’avait pas l’orgueil de demander à voir le talisman. Il était modeste et il