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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/219

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LA LUXURE DE GRENADE

repartirait satisfait s’il pouvait poser son front contre la pierre du mur qui abritait la merveilleuse relique.

Le derviche s’était promené dans Grenade et une centaine de gens pieux l’attendaient à la porte de la Loi. Abul Hacen pensa qu’il fallait faire quelques concessions à la religiosité qui engendre le sacrifice, si nécessaire dans ces temps difficiles. Sans donner de réponse définitive, il avait laissé le derviche dans la cour des Lions et il s’était rendu chez Isabelle, heureux d’avoir ce prétexte, vis-à-vis d’elle autant que de lui-même pour reprendre ce qu’il avait donné imprudemment.

Isabelle ne comprit pas tout d’abord de quoi il s’agissait. Un talisman ? La nuit où il avait failli devenir aveugle ? Ah ! oui, elle se souvenait. Il s’agissait d’un objet très vieux et très laid où elle jetait les babouches qu’elle ne portait plus. Cet objet avait été quelque temps dans sa chambre puis elle l’avait fait transporter là, dans cette salle de repos où elle l’avait vu, il n’y avait pas une heure dans cette salle de repos où il devait être encore, enseveli sous les robes d’un singe.

Abul Hacen s’élança dans la salle. La guzla sur laquelle il marcha rendit un son déchirant. Mais l’Arche sainte, la tombe divine où avaient reposé les Tables de la Loi, le Berceau d’or verdi dont les anses étaient portées par deux anges avec des visages d’une spiritualité si grande qu’on ne pouvait les regarder sans penser à Dieu, le Tabernacle miraculeux avait disparu.

Derrière le rusé, le courageux Aboulfedia, porté par Rodriguez et par Rébecca dans le coffre du