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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/220

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LA LUXURE DE GRENADE

singe, il était passé par le petit escalier tapissé de mosaïques orange, il avait traversé les corridors et les cours de l’Alhambra, pour revenir à ses possesseurs légitimes, les fidèles sectateurs de Moïse.

L’Alhambra, au crépuscule, s’emplit d’un tumulte extraordinaire. Personne ne savait ce qui avait été volé mais il fallait arrêter des voleurs. Des cavaliers partirent de tous les côtés à travers la ville, sans même savoir qui ils devaient poursuivre. Et ce n’est que beaucoup plus tard, dans la nuit, qu’Isabelle se rappela qu’Aboulfedia lui avait demandé, quelques jours auparavant, d’obtenir de l’Émir, pour un de ses coreligionnaires, un droit de passage sur la galère de l’émir Daoud qui allait mettre à la voile pour Constantinople.

Mais le vol, dont personne ne connaissait la valeur, perdit toute importance par le fait de l’événement qui survint.

Abul Hacen, occupé à donner des ordres pour qu’on se saisît d’Aboulfedia, avait, dans le premier moment, oublié le derviche qui l’attendait. Il y pensa tout d’un coup et revint dans la cour des Lions, plus décidé que jamais à se montrer respectueux vis-à-vis d’un saint homme.

On ne voyait pas la main droite du saint homme, cachée par sa robe. Elle jaillit soudain, armée d’un poignard vers l’Émir et elle traça un éclair au-dessus de sa tête. Mais l’Émir connut ce soir-là qu’Allah ne gardait aucun ressentiment contre lui.