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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/223

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LA LUXURE DE GRENADE

degré de développement qui avaient pour idéal de diminuer l’intelligence et de tuer l’amour !

Almazan se mit à marcher avec agitation dans l’Alhambra rempli de tumulte. Il se laissa tomber sur un banc dans le jardin du cyprès. Les étoiles étaient rayonnantes et immuables comme les vérités qu’on ne peut pas atteindre.

Dans un arbre, le singe, en robe chinoise, se pencha et lui lança une pomme de pin.

Très haut, dans une gorge de la Sierra Nevada, Aboulfedia et le rabbin Anan ben Josué trouvèrent un groupe de leurs coreligionnaires qui les attendaient avec des chevaux reposés. Après avoir descendu au galop des pentes abruptes, ils en changèrent encore à La Calahorra. Ils coururent toute la nuit et toute la journée. Ils atteignirent enfin Almeria et ils ne s’arrêtèrent que sur le port.

Ils devaient s’embarquer immédiatement. C’était leur Unique chance de salut. Car un messager de Grenade pouvait arriver d’un instant à l’autre, apportant l’ordre à l’Alcaïde de la ville de se saisir d’eux et de leur précieux fardeau.

Une foule de mariniers, de bourgeois, de petits débitants encombrait le port. Ils s’informèrent auprès d’un softa de la galère dans laquelle devait partir l’Émir Daoud. Le softa rit de leur ignorance en leur montrant le bassin. À ce moment, du château des Sept-Tours partirent trois coups de coulevrines. La foule y répondit par des acclamations.