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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/227

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LA LUXURE DE GRENADE

lumière plus éclatante à mesure qu’on descendait. Mais ces profondeurs lumineuses ne pouvaient être atteintes que dans les océans lointains qui baignaient l’Inde et la Chine. Il comptait gagner Alexandrie, car le sultan d’Égypte s’intéressait à ses travaux et lui avait promis de le faire parvenir jusqu’aux Indes à bord d’une de ses caravelles. Il tenterait là son expérience de la cloche de verre.

Quant à Tawaz, il avait partagé sa fortune entre ses deux fils et il leur avait dit adieu. Il se rendait à Nichapour, en Perse. Son seul rêve était de s’asseoir à l’ombre du pêcher qui laissait tomber ses fleurs sur la tombe d’Omar Khayam, dans le cimetière de Hira. Il vivrait désormais dans une petite communauté de Soufis ralliés comme Khayam à la doctrine ismaïlite et qui venaient rechercher l’extase sous le pêcher qui le couvrait.

Auprès d’Al Birouni et de Tawaz, Aboulfedia avait pris place avec son coffre.

Dans le château d’arrière était la cabine de l’Émir de la mer, celle du reïs de la galère, et celle où dormaient les officiers, le trésorier, le moullah, les pilotes et les pages.

Sous le pont étaient entassés les cent cinquante piquiers, avec les caisses qui contenaient les vestes de velours violet chamarrées d’or, les cuirasses damasquinées, les ceintures de cachemire, les bonnets de brocart cramoisi, les cimeterres à poignée d’or, destinés à éblouir les habitants de Constantinople quand l’Émir Daoud se rendrait solennellement au palais du Sultan.

Dans cette partie du navire montait, toute la jour-