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LA LUXURE DE GRENADE

partis populaires agités contre lui par des envoyés de Boabdil. L’action apaiserait ses pensées.

De la villa d’Alexaras, il y avait une demi-heure à peine pour atteindre les remparts de Grenade. La route était singulièrement déserte. La masse que faisait au loin la ville avait quelque chose de silencieux et d’hostile.

Aucune trompette ne résonna sur aucune tour, comme s’il n’y eut pas de veilleur pour signaler l’arrivée de l’Émir et de son escorte. L’Émir regarda derrière lui et il vit un de ses cavaliers qui levait pourtant sa bannière avec ostentation.

La porte des Étrangers, où aboutissait la route, était close. On ne la fermait cependant d’ordinaire qu’une heure après le coucher du soleil.

L’Émir s’avança près de la porte. Il avait pris des mains de son ami Feghani une lance et il heurta violemment du manche le bois de chêne de la porte qui résonna sourdement.

Des figures inquiètes apparurent et disparurent entre les créneaux des murailles. Des gens s’appelèrent et se répondirent. Une flèche maladroitement lancée traça une courbe dans l’air et se planta dans le sol.

Et comme l’Émir s’apprêtait à frapper de nouveau, une voix basse et rapide lui parla de la fenêtre grillée qui s’ouvrait à droite, dans une des deux tourelles accotées à la porte :

— Seigneur ! Hâte-toi de fuir ! Ton fils Boabdil s’est emparé de Grenade. La tête du Hagib est fixée au bout d’une pique sur la place de Bibarrambla. Les Alfaquis t’ont trahi. Le peuple t’a renié et crie : Vive