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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/255

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LA LUXURE DE GRENADE

éminence rocheuse et dominé lui-même par le château de Jebelfaro, bâti sur une éminence encore plus haute. Les deux donjons communiquaient entre eux par un chemin couvert et étaient inexpugnables. Malaga reposait tranquille à leurs pieds comme une couvée de maisons à l’ombre de deux gardiens de pierre.

Les habitants ne commencèrent à s’inquiéter que lorsqu’ils virent, du haut des remparts, des milliers de cavaliers et de fantassins se répandre dans la Vega, y planter leurs tentes et leurs bannières. Alors seulement ils songèrent à fuir. Ceux qui avaient des barques y chargèrent leurs biens et firent voile soit vers le port d’Almuneçar, soit vers le Maroc.

Ceux qui ne se hâtèrent pas, virent avec consternation, le matin du troisième jour, quinze grandes galères et une trentaine de caravelles qui bloquaient la rade. En même temps, la foule qui stationnait dans les rues et sur les places se transmettait des nouvelles, tour à tour terribles ou rassurantes.

On annonça d’abord que le conseil des marchands que présidait le riche Ali Dordux était en train de délibérer dans l’Alcazabra avec l’Alcaïde de Malaga Aboul Connaxa. Ensuite la ville entière soupira de soulagement. Une députation était partie pour le camp espagnol afin d’offrir au roi Ferdinand la reddition de la place. On savait par l’exemple des villes déjà assiégées par les Espagnols que le roi Ferdinand se contentait d’une déclaration de vasselage et d’un tribut en or. Les uns coururent aux remparts attendre le retour de la députation, les autres se massèrent devant la maison d’Ali Dordux et l’acclamèrent