Aller au contenu

Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
282
LA LUXURE DE GRENADE

sur une femme qu’il violait. Il avait un casque étincelant et une cuirasse bombée. Almazan lui enfonça son poignard au bas du crâne entre le casque et cette cuirasse, et, comme un Espagnol qui l’avait suivi le visait avec une arquebuse, il détourna le coup et lui lança la lampe de bronze à la figure.

Il reprit sa course. Sur une petite place, il reconnut vaguement un vieillard à longue barbe blanche. Il était debout sur le seuil de sa maison, il levait une petite lanterne et il souriait en répétant :

— Je le savais ! C’est la fin du monde !

Peut-être avait-il perdu la raison. Un cavalier qui traversait la place se pencha sur ses étriers pour l’examiner. Ce devait être un seigneur d’importance. Il portait, sur une cotte de mailles souple, une cape courte en velours violet et ses traits avaient quelque chose de grave et de triste.

— C’est la fin du monde ! lui dit doucement le vieillard.

Le cavalier haussa les épaules, et, négligemment, avec le manche de sa lance, il frappa le vieillard sur le crâne.

Almazan sauta en croupe derrière lui, le saisit à bras-le-corps, le désarçonna et roula par terre tout en lui labourant le visage avec son arme. Des soldats, qui débouchaient d’une rue, s’élancèrent et tentèrent, de lui percer la poitrine avec la pointe de leur hallebarde. Mais le cheval se cabra au milieu d’eux et Almazan reprit sa course, suivi par une clameur de rage.

Des incendies s’allumaient de-ci de-là. Il allait, suivi du piétinement de ceux qui le poursuivaient,