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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/287

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LA LUXURE DE GRENADE

eux pour se vautrer sur le corps renversé de la jeune fille, pour le polluer de leurs griffes, de leurs poils, de leurs babines.

Une voix cria derrière Almazan :

— C’est lui ! Il faut le prendre vivant ! Il faut qu’il soit brûlé !

Il ne bougea pas. Son poignard glissa de sa main. Sa force ailée l’avait abandonné. Il reçut un coup sur la nuque. Il sentit qu’on lui attachait les bras autour du corps et qu’on le traînait au milieu des ordures de la rue.

Il ne reprit connaissance que le lendemain soir. Il était étendu, les mains et les pieds solidement garrottés, dans une cour fermée par de hautes murailles. Une quinzaine de prisonniers étaient à côté de lui. Il les reconnut pour des renégats. Ceux-ci lui apprirent ce qu’ils savaient des événements.

Ali Dordux avait livré une porte de la ville, en échange de la liberté et de la garantie de ses biens, pour lui et quelques familles. C’était don Gutierre de Cardenas qui était entré le premier dans Malaga, mais par un autre côté, en sorte qu’il semblait que la place avait été livrée par deux trahisons. Les Gomères, épuisés et affamés, avaient forcé Hamet el Zegri à rendre le château de Jebelfaro. Toute la journée, sur le port, les évêques et les nobles Castillans s’étaient partagé les habitants réduits en esclavage. C’était là aussi qu’on avait dressé les bûchers et que, pour donner un spectacle à l’armée, on avait brûlé un à un les renégats. La cour où Alma-