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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/288

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LA LUXURE DE GRENADE

zan se trouvait était celle où on les avait parqués. Il faisait partie du petit nombre qui restait et qui serait sans doute brûlé le lendemain.

Il passa la nuit, assis sur son séant, trop faible pour se souvenir, trop désireux de mourir pour craindre.

Le soleil brillait depuis longtemps quand la porte de la cour s’ouvrit. Des gens de la Sainte-Hermandad venaient chercher les prisonniers. On délia enfin Almazan. Un officier le désigna du doigt, en disant :

— Il faudra donner à manger à celui-là. C’est le fameux Almazan. Il paraît que le tribunal de l’Inquisition vient de le réclamer et une escorte de cinquante cavaliers est commandée pour l’emmener à Séville.

Et l’officier le considéra avec curiosité, comme on considère un criminel célèbre.

Almazan avait de la peine à marcher et un soldat le prit par le bras pour le soutenir. Il ne put manger le pain qu’on lui donna, mais il but un peu de vin dont il fut grisé.

Il traversa, comme en songe, la ville captive. Le soleil de midi pesait sur son crâne et la fumée des bûchers, dans l’air immobile, transportait un relent de chair grillée.

Le long de la mosquée Djouma, Almazan croisa une longue file de jeunes filles. C’étaient les enfants des plus riches et des plus nobles habitants de Malaga qu’on envoyait en cadeau, comme esclaves, les unes à Jeanne de Naples, la sœur de Ferdinand, les autres à la reine du Portugal.

Un peu plus loin, il y avait un débat. Un seigneur castillan, à cheval, tout couvert de fer, était arrêté au milieu de la rue. Sa mine était sauvage, et une