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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/295

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LA LUXURE DE GRENADE

entr’ouvrait la bouche comme s’il allait japper. Le bourreau eut l’air de lui faire un signe, en clignant de l’œil vers le Christ du plafond.

Alors, une voix parla, sans timbre, assourdie, venant de loin et comme si elle résonnait à travers de l’ouate. Cette voix d’un autre monde disait :

— Almazan, vous êtes convaincu du crime d’apostasie et condamné à être brûlé vif. Toutefois, vous pouvez vous repentir et votre peine sera changée en un emprisonnement perpétuel, car l’Église est pleine de miséricorde. Faites donc les aveux complets que l’on vous a demandés en vain jusqu’à présent. Dites tout ce que vous savez sur cet ordre d’hérétiques appelés les Rose-Croix, sur leurs rapports avec l’ordre des Alumbrados, que nous sommes parvenus à extirper d’Espagne et surtout renseignez-nous sur la personnalité d’un certain Christian Rosenkreutz, moine relaps d’un couvent d’Allemagne, qui a longtemps séjourné en Orient et qui est le fondateur de la secte impie à laquelle vous appartenez.

Almazan demeura silencieux. De longs mois de captivité avaient brisé son organisme. Il tenta de répondre, il n’y parvint pas.

La voix reprit, mais elle venait de plus loin encore :

— Soyez humble, Almazan. C’est votre orgueil qui vous a perdu. Ne vous obstinez pas dans l’impiété et l’apostasie. C’est dans votre intérêt que je vous parle et même dans l’intérêt de vos compagnons qui sont à Grenade et qui seront bientôt entre nos mains, car Dieu veut le triomphe de la Sainte Église catholique. Parlez de votre plein gré, sinon vous allez