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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/34

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LA LUXURE DE GRENADE

Il imaginait que l’archevêque l’attendrait peut-être à l’entrée et qu’il apercevrait de loin sa robe blanche. Mais un silence impressionnant recouvrait les choses. Dans le ciel, un oiseau qui descendait en planant, avait l’air d’un message triste apporté par le destin. Les colonnes tronquées, avec les caractères arabes qui y étaient gravés, prirent une signification de stèles funéraires. L’immobilité des feuillages qui avaient l’air comme attentifs, pénétra Almazan d’une impression d’angoisse.

Il passa entre les colonnes et il voulut pousser un cri pour annoncer sa venue. Mais sa voix défaillit dans sa gorge et le son qu’il émit était bas, rauque, étranger à sa propre voix et comme exprimant une terreur intérieure dont il n’avait pas encore conscience.

Il aperçut, à sa droite, l’écurie ouverte et vide. On avait donc volé les chevaux. Il mit pied à terre, constata qu’il n’y avait là aucune trace de désordre, il attacha son cheval et il s’avança à pied à travers les muettes allées de buis.

Ce fut alors qu’un bruit le frappa. C’était le claquement d’un objet sur un autre, ou une porte qu’on avait fermée brusquement, ou la chute d’un corps, peut-être. Il ne pouvait pas discerner avec exactitude. Il s’avança d’un pas plus rapide. L’allée tournait, il se trouva en face de la maison.

Elle avait été construite au temps des Khalifes arabes, dans une époque de paix, où la police était bien faite et elle ne présentait aucune sorte de défense. Le parc se perdait derrière, au flanc de la colline, parmi des bruyères et des rochers et Almazan