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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/36

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LA LUXURE DE GRENADE

toutes les fenêtres ? Est-ce que l’archevêque Carrillo n’avait pas toujours eu une crainte immodérée des courants d’air, au point de faire boucher avec de l’étoffe les trous des serrures dans les pièces où il dormait ?

Même alors, malgré l’anxiété extrême qu’il éprouvait, Almazan vit, durant quelques secondes, le visage d’Isabelle de Solis et il se complut dans le souvenir du rire enfantin et cruel.

Il chassa cette image et se décida. Il entra dans la grande pièce du rez-de-chaussée qui se trouvait au fond et qui avait été l’ancien Mabeyn arabe. Les successeurs espagnols d’Aben Hezra l’avaient surchargée de sombres meubles de chêne qui tachaient les clairs azulejos des murailles. La poussière était si épaisse qu’elle avait l’air jetée comme une étoffe de cendres. Almazan ne s’arrêta pas dans cette pièce. Il se précipita dans une autre, passa sous l’ogive d’une porte ouverte, franchit une longue enfilade de chambres vides et pleines de résonances. Il ne se souvenait pas exactement de l’endroit où l’archevêque Carrillo l’avait fait entrer quand il était venu le voir. Il crut s’être trompé. Il revint sur ses pas. Il visita d’autres appartements. Un souffle de désolation, un mystère de solitude, tombait des plafonds. Les lames de marbre blanc, les lambris de cèdre colorés, les beautés flétries de l’art Mauresque ajoutaient par leur abandon à la mélancolie morne qui emplissait ces lieux.

Il était arrivé au pied de l’escalier. Il le gravit. Il lui semblait, que cette recherche ne finirait plus.

Et c’est alors qu’ayant poussé encore une porte, il