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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/121

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Sur le boulevard ensoleillé il passait un enterrement. Mais c’était un enterrement comme jamais je n’en avais vu et qui devait appartenir à la dernière classe des enterrements. Aucun cortège ne le suivait. Aucun fonctionnaire mortuaire ne le précédait. Il n’y avait aucune couronne ni aucun drap noir. C’était simplement un cercueil posé sur une voiture.

La voiture avait des soubresauts, ce qui lui donnait une apparence encore plus misérable. Elle amenait hâtivement vers je ne sais quel cimetière un être qui avait dû mourir dans une solitude sans pareille. La pauvreté et l’absence d’amitié réunies représentent les plus grands maux de la terre. La triste voiture en était le symbole, et son essieu mal graissé avait une plainte basse et résignée.