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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/244

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LA TENDRE CAMARADE

avaient quelque chose de déchirant. Ils étaient la plainte d’âmes aveugles enfermées dans l’inconscience des bêtes. Le vol des oiseaux était rapide et craintif ; ils échangeaient entre eux des signaux pour s’annoncer la venue des oiseaux de proie. Dans les herbes les insectes se dévoraient. Les arbres étaient tourmentés par le soleil, la pluie ou le vent, et les contorsions de leurs branches témoignaient de leur obscure douleur. La sève qui humectait les écorces était une sueur de désespoir.

Toute la terre souffrait comme elle, et elle marchait gémissant doucement, portant sa peine délicate d’amour, au milieu des gémissements et des peines inférieures des choses.