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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/253

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Et comme nous gravissions une rue très raide, le maigre cheval s’arrêta épuisé. Je vis alors le cocher, au lieu de se servir de son fouet ou même seulement de le faire claquer, descendre de son siège et venir parler à son cheval. Je ne comprenais pas ce qu’il lui disait. Il lui parlait doucement, presque tendrement, et il jetait parfois un regard timide sur moi pour s’assurer que je supportais sans colère cet arrêt.

Il devait dire à son cheval : Nous sommes tous les deux vieux et laids, pauvres parmi les pauvres. Nous faisons rire, et c’est miracle si nous pouvons dans la journée trouver un ou deux clients distraits qui nous permettent de gagner un peu d’avoine pour toi, un peu de pain pour moi. Je sais que la côte est rude et