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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/28

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LA TENDRE CAMARADE

quelquefois avec des traces de coups, et alors elle dit à Aline et à Lucette qu’elle a apaisé la bête qui est en elle et qu’il n’y a de vrai sur la terre que de se donner du plaisir.

Mère Loute est joyeuse même quand elle se dispute avec sa bonne, même quand une locataire est partie sans la payer, même quand un marin de passage lui a vendu de l’opium de mauvaise qualité.

À cinquante ans, mère Loute a deux jeunes amants attitrés ; le soir, en petit comité, elle danse, pour égayer ses amis, des danses grotesques ; elle mange beaucoup ; elle tutoie les marchands de légumes du quartier, et, quand elle s’assied sur sa porte au soleil, elle rit toute seule des autres, d’elle-même, de cette merveille qu’est la vie.