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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/295

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Cette histoire me fut contée dans un café de Marseille, une après-midi de grande chaleur, par le peintre Fortune, homme joyeux et plein de pitié, dont le visage est pareil à celui d’un faune.

Il me montra Aline qui était assise parmi d’autres femmes et qui riait avec elles. Elle avait dû être jolie et l’était encore du reste, mais elle avait ce je ne sais quoi qui marque les femmes qui veillent trop tard et qui ont trop d’amants.

— Il me semble, dis-je, qu’elle rit plus fort que les autres et qu’elle met ses coudes sur la table avec plus d’aisance.

— Il est vrai, me répondit Fortune ; elle a peut-être même moins pleuré que les autres, mais il y a des qualités dans la douleur, et les larmes n’en sont pas toujours l’expression.