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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/41

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Ô Lucette, comment une créature aussi insignifiante que toi peut-elle pleurer tant de larmes ? Sur l’étroit et obscur palier où ma porte s’ouvre à côté de la tienne, je t’entends dans le silence de ce minuit d’hôtel meublé que troublent des craquements de marches, des soupirs étouffés, un bruit de bottines que l’on dépose dans un corridor.

Je me représente ta solitude et j’en souffre, parce qu’elle me fait penser à la mienne. J’hésite. Dois-je frapper et dire mon nom ? Je sais que tu es étendue sur ton lit dans ta pose accoutumée, ton visage médiocre perdu dans l’oreiller et ton corps impeccable offert sans pudeur à une invisible amie.

Avec quelle ardeur tu m’étreindrais tout de suite, ô petite amie si hâtive de goûter la volupté que tu ne