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DUPLEIX VISITE LE BENGALE

établissement languissant par suite de l’invasion des Mahrattes. Ces guerriers maraudeurs, lorsqu’ils n’avaient pas dévoré jusqu’au sol, en avaient cependant par leur présence empêché la culture, de sorte qu’aux désolatious de la guerre avaient succédé les misères de la famine. Outre cela, l’anarchie menaçait d’envahir le Carnate. Sufder-Ali ne s’était préservé de la rivalité supposée de Chunda-Sahib que pour tomber entre les griffes de Nizam-oul-Moulk, le soubab du Décan, qui lui réclamait avec de pressantes instances les arrérages de la rente due par lui comme vassal du Mogol. Les défenses de Pondichéry, quelque formidables qu’elles pussent paraître à une puissance indigène, étaient loin d’être suffisantes pour résister à un ennemi européen. Les fonds manquaient pour les augmenter ou les réparer, et cependant, dès cette époque, les bruits de guerre entre la France et l’Angleterre étaient apportés par chaque bâtiment venant d’Europe.

Mais Dupleix était capable de faire face à ces difficultés. Convaincu que Pondichéry avait maintenant acquis un assez grand développement pour que le pouvoir de la France dût se faire reconnaître et respecter, il se revêtit en public, et avec une certaine ostentation, des dignités conférées à son prédécesseur par le Mogol, et reçut l’hommage des petits chefs du voisinage dont le rang nobiliaire était inférieur au sien. Il se mit aussi à l’œuvre pour découvrir les causes de l’augmentation des dépenses publiques, pour faire cesser la corruption parmi les officiers subalternes de l’administration, et pour examiner les fortifications. Il adressa à la Compagnie des rapports sur ces divers points et sur la marche à suivre pour corriger les inconvénients actuels. Ayant ainsi mis toutes choses en bon ordre, il se rendit au Bengale pour s’y faire reconnaître comme nabab de Chandernagor. Après la cérémonie, qui fut très-pompeuse, il se rendit à Hougli avec beaucoup d’apparat, dans le but de rendre hommage au Gouverneur mahométan, mais celui-ci, reconnaissant le rang supérieur de Dupleix, insista pour faire lui-même la première visite ; les honneurs qui furent rendus à cette occasion au représentant de la France, le faste dont il fut entouré, parurent faire une profonde impression sur les indigènes déjà disposés à juger favorablement tout ce qui concernait les Français ; aussi les