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LE FORT SAINT-GEORGES

à Pondichéry. Pendant ce temps, la santé de La Bourdonnais s’était améliorée et l’annonce de sa détermination d’attaquer Madras, semblait avoir rétabli sur un meilleur pied ses relations avec le Conseil. Il s’embarqua donc dans la soirée du 12, pour mettre à exécution cette entreprise méditée de si longue date. Le 14, s’étant approché du rivage à quatre lieues Sud de Madras, il débarqua cinq ou six cents hommes et deux pièces de canon. Naviguant lentement et parallèlement avec ces troupes, il arriva le 15, à une demi-portée de canon de la ville, alors il débarqua avec mille ou onze cents Européens, quatre cents Cipayes, trois ou quatre cents Africains et somma la place de se rendre : il avait encore laissé dix-sept à dix-huit cents hommes à bord de la flotte.

Le fort Saint-Georges et la ville de Madras qu’il défendait, avaient été bâtis sur un coin de terre cédé aux Anglais en 1639, par le dernier chef indou de Bijanugger. Quatorze ans après, le petit établissement était devenu une Présidence et pendant de longues années il constitua le principal centre des Anglais dans l’Inde ; il n’était pas très-bien situé pour cela, car il se traînait sur un promontoire exposé à toute la violence de la Mousson ; le courant y était toujours rapide, et il s’y produisait un ressac qui rendait la navigation impossible aux bâtiments anglais ; il aurait été difficile de trouver une position moins favorable que Madras aux opérations commerciales. La rade était si dangereuse pendant quelques mois de l’année, surtout d’octobre à janvier, qu’à la moindre apparence de brise, pendant ces mois, les vaisseaux étaient forcés de lever l’ancre et de gagner au plus vite la pleine mer. La fertilité du pays environnant n’offrait pas de compensation pour ces désavantages. Le sol était dur, sec et stérile ; la population était pauvre et disséminée. Il semble que dans ces temps, ce fût une coutume des diverses nations européennes de rechercher pour leurs établissements des points de la côte aussi voisins que possible l’un de l’autre, et il est probable que le fait d’être à quatre milles de l’établissement portugais de Saint-Thomé, fût le principal mérite de l’emplacement de Madras aux yeux de M. Day, le marchand anglais qui négocia la cession de ce territoire.

Mais malgré sa situation défavorable, l’industrie et l’initiative des