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LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX

colons anglais firent bientôt naître la prospérité dans Madras. En 1678, les indigènes attirés par la protection dont ils jouissaient à l’ombre du drapeau anglais formaient une population de 300,000 âmes elle revenu des taxes s’éleva au bout de neuf ans, à environ 160,000 roupies, ce qui, eu égard à l’accroissement probable de la population pendant cette période, équivalait à un impôt de huit annas par tête. En 1696, M. Thomas Pitt, le grand-père du célèbre député, le propriétaire du fameux diamant Pitt, devint Gouverneur de cette colonie et occupa cet emploi pendant onze ans. Ce fut sous son administration que Madras se trouva pour la première fois en état d’hostilité avec les princes indigènes. Daoud-Khan, nabab du Carnate sous l’empereur Aurengzeb, chef qui se fit remarquer par son goût pour les liqueurs fortes d’Europe, adressa soudain à M. Pitt (1702), une demande de dix mille pagodes, environ quarante mille roupies. M. Pitt, chercha par des politesses et de somptueux divertissements, à amuser le nabab jusqu’à lui faire oublier sa demande. Mais si Daoud-Khan aimait les liqueurs, il aimait encore plus les roupies. Voyant qu’on éludait sa requête, il soumit le fort Saint-Georges à un blocus sévère, intercepta les arrivages du pays, se saisit de toutes les marchandises qui étaient en route pour cette ville et ne leva le siège que quand M. Pitt eut, malgré lui, consenti à un compromis. Outre Madras, et sous sa dépendance, les Anglais possédaient alors sur la côte de Coromandel, le petit établissement du fort de Saint-David, tout près de Cuddalore, à seize milles Sud de Pondichéry, et les factoreries de Porto-Novo, Pettipolee, Masulipatam, Madapollam et Vizagapatam. L’histoire de Madras ne paraît pas avoir renfermé d’autres incidents remarquables jusqu’à l’époque qui nous occupe maintenant. En 1744, M. Nicolas Morse avait été nommé Gouverneur du fort Saint-Georges. Morse était un marchand de l’ancienne Compagnie, étranger a la politique dont il se souciait peu ; c’était un homme mou, sans valeur, qui exécutait toujours avec une obéissance servile les ordres de ses supérieurs d’Angleterre, qutils que pussent être les changements survenus dans l’intervalle. C’est ainsi que, peu de temps après son arrivée au gouvernement de Madras, il reçut de Dupleix des ouvertures pour garder la neutralité dans l’Inde pendant la guerre qui