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RÉSULTATS DE SON INCURIE

après, La Bourdonnais s’embarqua, et, étant arrivé devant Madras le 15, il somma la ville de se rendre.

Jusqu’à ce moment le Gouverneur avait été soutenu par l’espoir que le commodore Peyton viendrait veiller à la conservation des établissements anglais. Mais cet espoir était déçu, et presque simultanément il voyait arriver la flotte française et recevait la décourageante nouvelle que le commodore avec tous ses vaisseaux avait été aperçu, le 3 septembre, devant Paliacate, faisant voile pour le Bengale. Le vaisseau avarié de soixante canons servit encore de prétexte poiir déserter Madras, et d’excuse pour éviter une lutte avec l’escadre de La Bourdonnais[1].

Le 15, l’amiral débarqua ses troupes et se prépara dès le même soir et le lendemain à élever des batteries qui pussent tirer sur la ville. Le 17, la partie indigène de la garnison fit une sortie, mais elle lut aisément repoussée, et les Français, poursuivant leurs succès, prirent possession de la maison du Gouverneur, située à une demi portée de mousquet des murs de la ville, et s’y fortifièrent. Le 18, ils commencèrent de grand matin le bombardement avec leurs batteries de terre, et aussitôt que la nuit tomba, les trois vaisseaux les plus fortement armés ouvrirent le feu sur la ville. Dans la nuit du 18, il se passa un fait qui montre combien il aurait été facile au commodore Peyton, commandant une escadre plus fine voilière que celle des Français, de sauver Madras. Le 17, on avait aperçu quatre navires devant Pondichéry. Dupleix, présumant qu’ils devaient faire partie de l’escadre, en prévint La Bourdonnais avec toute la promptitude possible. Celui-ci fut fort troublé par cette nouvelle qui, si elle eût été vraie, n’aurait été que la confirmation de ce qu’il avait si souvent affirmé à Dupleix : savoir, que tenter le siège de Madras avant d’avoir détruit la flotte, était le comble de l’imprudence. Il déclare lui-même que dans ces conjonctures il sentit qu’il n’y avait qu’une route à suivre, c’était de pousser le siège avec la plus grande vigueur. M. Orme affirme, mais nous ne savons sur quelle autorité il se fonde, que « ce bruit causa tant d’alarme dans le camp français, qu’on se prépara à rembarquer même les lourds

  1. Orme.