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LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX

canons. » Quoi qu’il en puisse être, il est certain que si le Commodore Peyton eût cinglé vers Madras et attaqué l’escadre privée de la plus grande partie de ses équipages, il lui aurait causé le plus grand dommage, si même il ne l’avait forcée à lever le siège.

Mais le 19 au matin, arriva un exprès annonçant que la nouvelle relative aux vaisseaux étrangers était fausse. Rassuré sur ce point, mais ignorant toujours quelles chances il avait de voir apparaître une escadre ennemie, La Bourdonnais poussa le siège avec une vigueur dont le résultat fut que, dans la soirée, il reçut une lettre de Mme Barneval, la fille de Mme Dupleix, mariée à un Anglais habitant Madras. Cette lettre offrait, de la part du Gouverneur Morse, de traiter avec les Français.

La Bourdonnais ayant répondu favorablement à cette ouverture, MM. Monson et Hallyburton se présentèrent le lendemain matin au camp français. Pour entamer les négociations, ils offrirent de payer une certaine somme à La Bourdonnais pour qu’il s’éloignât. Cette proposition ayant été nettement refusée, les députés se retirèrent pour aller demander de nouvelles instructions au Gouverneur. Après leur départ, le feu recommença jusqu’à trois heures. Depuis ce moment, jusqu’à huit heures, personne ne se présenta au nom des Anglais, sauf un étranger au service du nabab, mais dépourvu de pouvoirs pour négocier ; à huit heures, La Bourdonnais fit recommencer le feu de terre et de mer et le continua toute la nuit. Vers le matin, l’arrivée des députés anglais amena une interruption[1].

Cette fois, ils étaient munis de pleins pouvoirs pour capituler. Après une courte discussion, ils convinrent des conditions dont voici la substance. Ils s’engagèrent à livrer en ce même jour, 21 septembre, à deux heures de l’après-midi, le fort Saint-Georges et la ville de Madras avec toutes leurs dépendances. La garnison et tous les Anglais habitant la ville étaient prisonniers de guerre ; tous les conseillers, officiers et autres employés de la Compagnie étaient libres sur parole d’aller et venir où il leur plairait, même en

  1. Les Français ne perdirent pas un seul homme dans ce siège, les Anglais n’en perdirent que cinq.