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LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX

vention (non signée du Gouverneur Morse) par laquelle il s’engageait à rendre Madras aux Anglais contre la remise de un million cent mille pagodes, en billets payables à une date peu éloignée[1].

Alors éclata entre ces deux hommes une lutte préjudiciable à la cause qu’ils avaient également à cœur, à la nation à laquelle ils appartenaient, et, fatale par ses résultats, à la fortune de l’un d’eux. Dupleix, sentant bien que cette résistance de Madras aurait eu pour effet d’exposer Pondichéry à une attaque, dès que La Bourdonnais et son escadre repartiraient pour les îles, résolut de maintenir l’aulurilé que le Roi et la Compagnie lui avaient conlérée. De son côté, La Bourdonnais ne voulant se soumettre à aucune autorité, et impatient de tout contrôle, déclara que le ministre lui ayant confié, comme Amiral, la conduite entière de ses opérations, il était, même sur le sol indien, parfaitement indépendant du gouvernement de Pondichéry. En admettant que cette phrase : « Maître de ses opérations, » employée par le ministre de France, semblât lui reconnaître une autorité indépendante, il était manifeste qu’il ne pouvait entrer dans les intentions du Gouvernement français d’établir une seconde autorité supérieure, un imperium in imperio, à quelques milles du siège du gouvernement. Mais La Bourdonnais était sourd à toutes ces considérations. Quoique, avant de quitter Pondichéry pour entreprendre cette expédition, il eût prouvé qu’il admettait l’autorité du Conseil, au point de refuser de partir sans un ordre positif émané de lui : maintenant que la victoire était remportée et qu’il était requis d’exécuter les instructions du Conseil, commtî provenant d’une autorité supérieure à la sienne, il reniait sa subordination et refusait de reconnaître aucune suprématie.

Il n’est pas hors de propos de rechercher ici quel pouvait être, quel était réellement le motif qui le poussait à cette révolte, à ce sacrifice des meilleurs intérêts de son pays ? Était-ce seulement parce qu’il regardait sa politique comme la meilleurs ? Cela n’est

  1. Les termes étaient 500,000 pagodes payables en Europe à six mois de vue en cinq lettres de change de 100,000 chacune ; 600,000 en trois payements égaux de chacun 200,000, le premier un mois et le deuxième, un an après l’arrivée dos vaisseaux en Europe.