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LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX

Mais il n’en est pas ainsi pour La Bourdonnais ; il est maintenant évident que, jusqu’au 26 septembre, il n’avait pris aucun engagement positif de rendre ses conquêtes contre une rançon. Il est certain, du moins nous le pensons, que le 26 les clauses furent verbalement arrêtées avec le Gouverneur Morse ; qu’une des clauses stipulait à son profit un don d’environ 1,000,000 de francs ; que recevant le même jour de Pondichéry l’avis positif que ni Dupleix, ni le Conseil supérieur n’adhéreraient à aucun contrat de rachat, il résolut soudain de rompre avec eux, afin de s’assurer une action indépendante. Est-ce trop que d’inférer que son intérêt personnel alarmé ait, à son insu, poussé son ambition jalouse à se révolter contre les sentiments meilleurs qui lui étaient naturels ?

Mais il est temps de reprendre notre récit ; nous avons laissé La Bourdonnais refusant, le 26 septembre au soir et le 27 au matin, de reconnaître l’autorité des agents envoyés par le Conseil supérieur pour conférer avec lui, envoyant à Pondichéry, pour y être ratifié, un exemplaire du traité de rachat, et, étrange inconséquence, affirmant sa complète indépendance de tout contrôle de ce Conseil. Mais avant que les faits se fussent réalisés, il en était parvenu quelque rumeur à Pondichéry. Parmi les officiers de l’armée assiégeante, le commandant de fait du contingent de Pondichéry était M. Paradis, Suisse de naissance, d’une nature hardie, énergique, entreprenante ; il était depuis longtemps connu de La Bourdonnais qui, même avant d’arriver à Pondichéry, l’avait spécialement demandé pour être sous ses ordres. Revêtu du commandement du contingent de Pondichéry, et sur la terre ferme le second après La Bourdonnais, il s’était conduit de manière à donner la plus grande satisfaction à son chef, et jusqu’à l’époque de la capitulation leurs relations avaient été des plus cordiales. Le 26, nous apprenons qu’il s’était élevé quelque désaccord entre eux sur un point relatif au commandement des troupes, et que Paradis était parti de Madras pour Pondichéry porteur de lettres de La Bourdonnais pour Dupleix. Il est probable que, par sa position, Paradis avait eu connaissance de la nature des négociations qui se poursuivaient à Madras et qu’il avait averti le Conseil que, s’il ne revendiquait à temps son autorité, il n’en conserverait aucune. Le Conseil fut sans doute