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APPEL DE DUPLEIX À LA BOURDONNAIS

influencé par ces considérations, lorsqu’il envoya MM. D’Esprémesnil, Dulaurent et Barthélemy à Madras. Le 28, arrivèrent les lettres de La Bourdonnais. On lui adressa aussitôt une réponse dans laquelle étaient récapitulés les arguments déjà produits contre la restitution de la place aux Anglais ; on lui annonçait que M. D’Esprémesnil, second membre du Conseil, serait autorisé à recevoir de lui le commandement de la place et du contingent fourni par Pondichéry ; la lettre se terminait par une protestation formelle contre tous les engagements qu’il pourrait contracter sans la connaissance et l’assentiment du Conseil. Le lendemain, Dupleix lui écrivit de sa propre main la lettre la plus touchante, la plus pressante, le conjurant comme un ami, comme un frère, d’abandonner toute idée de traiter d’une rançon, et le suppliant d’entrer de tout cœur dans les desseins qu’il nourrissait pour l’expulsion des Anglais. Après avoir appuyé sur la nullité d’une rançon promise par des prisonniers, et tiré de l’histoire des exemples prouvant que des traités conclus dans de semblables circonstances n’avaient jamais été considérés comme valables, il ajoutait : « Au nom de Dieu, monsieur, au nom de vos enfants, de votre épouse, laissez-vous persuader à ce que j’ai l’honneur de vous dire ; finissez comme vous avez commencé et ne ménagez pas un ennemi qui n’a eu d’autre but que celui de vous réduire à la plus dure extrémité. Tels sont les ordres que l’escadre ennemie met en œuvre autant qu’elle peut ; si elle n’a pu faire mieux, c’est qu’elle ne l’a pu. La Providence nous a servis mieux qu’eux. Profitonsen, monsieur, pour la gloire de notre monarque et pour l’intérêt général d’ujie nation qui vous regardera comme son restaurateur dans l’Inde. Fasse le ciel que je puisse parvenir à vous persuader, et à vous convaincre de la nécessité d’annuler un traité qui, dans un moment, nous fait perdre des avantages dont toute l’étendue se connaîtra incessamment, pour peu que vous vouliez avoir égard à ce que j’ai l’honneur de vous représenter. »

Pendant ce temps les trois conseillers, MM. D’Esprémesnil, Dulaurent et Barthélemy, voyant leurs pouvoirs méconnus par La Bourdonnais, lui adressèrent une protestation formelle contre son usurpation d’autorité aussi bien que contre la restitution de Madras