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PROPOSITIONS DE LA BOURDONNAIS

savoir s’il consentirait au traité de rançon, à la condition que la restitution de Madras aux Anglais fût différée d’octobre à janvier ou février, dans le but ostensible de faire un partage équitable des dépouilles. S’il y consentait, devait ajouter Paradis, La Bourdonnais laisserait cent cinquante hommes de ses troupes pour renforcer la garnison de Pondichéry.

Cette proposition, faite à Dupleix au lendemain du jour où il s’était vu insulter et bafouer, où il s’était vu opposer, à lui, le représentant du pouvoir civil, l’irrésistible argument de la force brutale, cette proposition, disons-nous, ne pouvait rencontrer un accueil favorable. Il avait deviné, sinon tous, du moins quelques-uns des motifs de La Bourdonnais et il avait pris la résolution de n’entrer en aucun arrangement avec lui. Rompre ouvertement toute correspondance avec celui qui maniait toutes les forces de la colonie ne pouvait, pensait-il, être favorable ni aux intérêts de la France en général, ni à ceux de Pondichéry en particulier. Mais en recevant cette ouverture indirecte de Paradis, il y vit le moyen de se débarrasser de celui qui non-seulement refusait d’exécuter les plans qu’il regardait comme essentiels pour les intérêts français, mais encore empêchait les autres de les accomplir. Il résolut donc d’adopter cette politique que les faibles de tous les siècles ont regardée comme une arme légitime dans leurs luttes contre les forts, celle de la dissimulation. Il écrivit le 7 octobre à La Bourdonnais comme devant s’occuper du projet ; mais le lendemain survint un événement qui lui donnait une grande force. Trois vaisseaux de guerre, attendus depuis longtemps, le Centaure, de soixante-quatorze canons, le Mars, de cinquante-six, et le Brillant de cinquante, ayant à bord douze cent cinquante hommes, jetèrent l’ancre le 8 au matin dans la rade de Pondichéry. Ils apportaient des nouvelles intéressantes. M. Orry avait été remplacé comme contrôleur-général, en décembre 1745, par M. Machault d’Arnouville, membre du Conseil d’État, sans expérience dans les finances, mais dévoué à Mme de Pompadour. La Compagnie informait Dupleix de ce fait et aussi de l’imminence de la guerre entre la France et la Hollande. Dupleix devait donc se préparer à rencontrer un nouvel ennemi dans son voisinage. On lui envoyait