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LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX

aussi, en prévision de sa réunion avec La Bourdonnais, des instructions relatives sur la nature des relations que le commandant de la flotte devait entretenir avec lui.

Comme c’était précisément là le point sur lequel La Bourdonnais avait basé sa résistance aux ordres de Dupleix, ce document était d’un grand intérêt pour le Conseil de Pondichéry. Il était daté du 6 octobre 1745 et ainsi conçu : « La Compagnie juge qu’il est convenable et même décent que le commandant des escadres assiste dans les Conseils supérieurs ; qu’il y soit appelé, lorsqu’il s’y traitera des matières concernant quelques expéditions militaires, où ce commandant doit avoir la plus grande part ; qu’il y ait voix délibérative ; mais elle entend aussi que tout ce qu’on y aura délibéré soit exécuté sans difficulté, de quelque nature d’affaire dont il s’agisse, quand même il serait question de disposer de tous les vaisseaux de la Compagnie qu’il commanderait. » Ces ordres parurent à Dupleix trop clairs pour être contestés ; en conséquence, le même jour, il en envoya copie à La Bourdonnais en ajoutant qu’ils avaient été approuvés par le nouveau ministre[1].

Mais les expédients auxquels une nature décidée, travaillant pour

  1. La Bourdonnais trouva une occasion de contester la validité de cette pièce dans la date même du 6 octobre 1745 antérieure de deux mois à la nomination de M. Machault comme contrôleur-général et qui ne s’accordait pas avec le compte que Dupleix rendait de son contenu. « Comment est-il possible » fait-il observer dans ses Mémoires, « que le nouveau ministre ait envoyé à M. Dupleix, des ordres datés du 6 octobre quand sa nomination n’est datée que du 6 décembre, et que moi-même je recevais par le même courrier des lettres de M. Orry, l’ancien ministre en date du 25 novembre. Il continue à en parler comme d’une « lettre supposée. » Mais le raisonnement tout plausible qu’il paraisse n’avait aucun fondement. Il est parfaitement vrai que la nomination de M. Machault comme contrôleur général n’était datée que du 6 décembre 1745, mais il n’est pas moins vrai que depuis plusieurs mois déjà, il avait été désigné comme le successeur d’Orry, qui était en disgrâce et qu’il avait été consulté sur toutes les questions alors pendantes. Dupleix annonçait simplement, que les ordres reçus par lui avaient été approuvés par le « nouveau ministre. » Quoi de plus naturel qu’avant de les expédier on ait consulté sur des ordres aussi importants l’homme, qui, s’il n’était pas ministre officiellement, l’était virtuellement, et devait être chargé de leur exécution ? Il est certain que telle était la coutume à cette époque et l’expression même employée par Dupleix, indique bien qu’elle fut observée à cette occasion. Les navires ayant quitté la France avant la nomination officielle de Machault, il y aurait eu de la part de Dupleix une fausseté trop transparente, d’ailleurs sans nécessité et sans excuse, à employer l’expression dont il se servait, s’il n’avait été appuyé sur des faits. — L’authenticité de cet ordre ne peut être révoquée en doute, mais il y a encore un autre point à examiner. — La Bourdonnais ajoute que la lettre que lui adressait Orry était la confirmation de son autorité indépendante dans les mers de l’Inde, et comme preuve il en cite deux courts extraits. Nous rétablissons en entier les deux premiers paragraphes d’où sont tirés les extraits avec la pensée que n’étant plus mutilés ils donneront plus de force à la cause que nous plaidons. On se rappellera que la lettre est